Nous sommes à la fin d’un cycle.
La mobilisation de ce que certains commentateurs donnent pour être celle d’une « France périphérique » est le signe que la crise mondiale du capital, qui veut aussi se présenter comme d’une crise des valeurs ultralibérales, implique un rapport nouveau de l’exploitation, une crise de l’implication réciproque entre deux classes de ce mode de production. Crise liée du face à face entre la force de travail et celle du capital. Et avec les réformes annoncées, notamment celle qui va toucher aux retraites, courant 2019, chacun va avoir une conscience plus profonde du désastre social qui s’annonce. L’actualité, dans tous les cas, n’est pas encore assez représentative du chaos social qui s’annonce et demain, les foules de journalistes pro-gouvernementaux devront prendre peur car la dérégulation de la France sociale, comme celle de la France du travail ouvre des perspectives populaires qui auront pour résultat l’instauration d’un système politique qui reprendra, inévitablement, certaines vieilles recettes. A ce propos, même s’il est un soutien du mouvement des gilets jaunes, le philosophe Alain Finkielkraut mesure assez bien les choses et les grandes réformes du gouvernement d’Emmanuel Macron produiront les mêmes effets que les politiques isolationnistes US dans les années 1930, en Allemagne.
Ainsi, alors qu’Emmanuel Macron veut se maintenir dans sa tour d’ivoire, en termes de stratégie sociale, les offensives menées par les ultralibéraux vont créer un nouvel environnement social et l’horizon va se trouver embué par les volutes de fumée des cocktails Molotov. Les feux grégeois d’une jeunesse oubliée, d’une génération ponctionnée vont nous rappeler que la guerre de classe est de retour dans nos histoires.
Aussi on ne peut plus se résigner à ne pas comprendre les choses et quelque soit la dépendance de la secte macroniste envers les théories d’un monde de la finance internationale, l’avenir qui se construit aujourd’hui dans les rues annonce l’arrivée d’une société qu’aucun ne devra avoir ignoré les prémisses. Ainsi, aujourd’hui, les plus conservateurs de la pensée gouvernementale ont intérêt à bien penser les réformes car l’histoire revient toujours sur le devant de la scène.
Sur la plan économique, nous le savons, le chômage comme les bas salaires exerce une forte pression sur les revenus des français, renforçant seulement les marges des très grandes entreprises. Mais, en privant de revenus acceptables les chômeurs et en réduisant ou bloquant les revenus des travailleurs, des fonctionnaires en place, outre le fait qu’il bloque la capacité de consommation de millions de personnes, Emmanuel Macron va encore plus précariser le pays.
Au fil des années, car nous vivons tous des politiques assassines depuis plusieurs septennats et quinquennats, le Pays réel trouve ses conditions de survie de plus en plus difficiles et deux mondes s’affrontent : celui des petits revenus et celui des grandes fortunes. Et comme le dit le bon sens populaire, « le chômage est voulu ». J’irai plus loin encore dans mon accusation sociale. Je suis de ceux qui estiment qu’il est souhaitable, pour les adeptes des théories néolibérales, de maintenir dans la pauvreté nombre de nos concitoyens afin d’éviter la fin de cette nouvelle religion globale qu’est la théorie du « laissez-faire le marché ».
La crise qui s’annonce est celle du capitalisme financiarisé. Elle est la forme spécifique de la panne d’avenir du monde, tel que nous le connaissons et nous devons nous attendre, pour 2019, à un mouvement populaire généralisé de manifestations, d’émeutes populaires. Et c’est certainement parce que le développement du capitalisme est chaotique, détruisant partout les anciennes relations sociales, que les choses iront de plus en plus mal, pour les peuples …
En marge des manifestations prévues demain, nous savons que les syndicats veulent eux-aussi manifester. Ils veulent se situer à la conjonction de ce capitalisme prédateur, dont l’organe est l’État, tenu par une mafia clientéliste. Dans tous ces mouvements, les valeurs veulent se retrouver. Il serait dangereux d’ignorer effectivement les liens qui unissent ces différentes contestations. Tout se fonde, aujourd’hui, sur la violence de l’État et de son rapport conflictuel d’avec les citoyens. Et quelques soient les limites spécifiques du mouvement de contestation, d’opposition, il serait faux d’imaginer que les revendications sont étrangères les unes aux autres. Quand c’est l’avenir qui est déjà pillé, il ne peut y avoir, pour le Peuple, de revendications séparées.
Ce que je veux estimer, c’est cette idée qu’aujourd’hui, en France, et cela depuis de très nombreuses années, tous les gouvernements favorisent le chômage et participent à la précarisation des citoyens. Ce propos peut scandaliser nombre de politicards, mais nombreux sont les économistes, les techniciens de la finance internationale à estimer que la pression du chômage, par exemple, est la seule à éviter une embardée sociale. Une amélioration sur le terrain de l’emploi entraînerait inévitablement une pression salariale que le pays estime impossible de traiter. Cela ne veut pas dire que les entreprises n’ont pas assez de ressources mais qu’elles refusent de perdre, pour les plus grandes d’entre-elles, de rogner sur leurs bénéfices. Rogner d’un côté sur leurs bénéfices mais aussi de ces actionnaires qui spéculent sur la rentabilité de leurs placements. On ne saurait oublier le jeu malsain pour nos sociétés de l’agiotage et des politiques qui tendent à réaliser l’actionnariat généralisé. Avec les risques que cela suppose pour l’emploi.
C’est en cela que la crise est universelle car de façon absurde, pour une société qui se voudrait autonome, le salaire, les retraites tendent à devenir illégitimes pour le capital et être travailleur précaire, ou migrant, c’est déjà vivre dans un régime de terreur sociale.
Je ne suis pas communiste. Ceux qui me connaissent savent que je suis très éloigné de ces théories. Néanmoins nous serions stupides de ne pas constater que dans le capitalisme restructuré, tel celui que nous supportons, l’idée de la reproduction des valeurs liées à la force de travail est l’objet d’une profonde déconnexion. D’une part déconnexion entre la valorisation du capital et reproduction de la force de travail, d’autre part déconnexion entre la consommation des ménages et le salaire, la retraite comme revenu. A ce propos, nous l’entendons tous. Les gilets jaunes affirment un sentiment de rupture de contrat social de la part du capital. Pire, même si cela n’est pas clairement affirmé, la question pour de nombreux français est de savoir s’ils gagneront assez d‘argent pour faire vivre leurs enfants, voir d’en avoir [des enfants] …
Dans une émission de France 5, le 29 novembre, ayant pour sujet l’imposition des français, certains intervenants sont allés dans ce sens. Comme s’il était normal de dire que la France n’avait pas les moyens de payer mieux les salariés et que seule une stagnation des revenus permettait aux entrepreneurs de maintenir l’emploi dans notre pays. Personne n’a semblé vouloir relever le propos et on a l’impression qu’aujourd’hui encore tout le monde approuvait que la situation perdure.
La macronisme c’est l’impuissance en action et la fracture sociale gagne du terrain. On se demande d’ailleurs quelles seront les postures des macronistes lors des prochaines campagnes électorales lorsque nombre de députés son complètement déconnectés des réalités des français ?
Les gilets jaunes sont donc le témoignage de l’exaspération des français ; Ils ne sont cependant pas compris. Au quotidien, c’est une France d’en bas qui s’exprime et qui occupe le terrain. Face à eux, des élites complètement coupées des réalités qui s’autorisent de juger ces actions. TVA, impôts à la source, cotisations généralisées … Est-ce que l’on peut, lorsqu’on gouverne la France, laisser aller le Peuple à la dérive et à se que les français se marginalisent de plus en plus ?
Dans le même temps, même si cela n’est pas nouveau, le fonctionnement du système capitaliste conduit invariablement à privilégier la spéculation, les placements sans risque, les rentes de situation au détriment du travail, de l’investissement, des forces vives de la Nation ! Emmanuel Macron n’est pas différent d’Édouard Balladur. Il veut sacrifier l’économie réelle au profit de l’économie financière. Et chacun doit bien comprendre que c’est celle politique décomplexée qui est la principale cause du chômage mais aussi de la baisse des revenus des français.
Jamais Emmanuel Macron ne sera un président responsable car, comme ses prédécesseurs, il joue contre le pays et demeure le fer de lance des réformes du capitalisme international. De même, et nous sommes nombreux à le constater, ces mêmes politiques internationalistes freinent l’épanouissement des projets personnels. Aucune politique n’est véritablement menée pour aider les jeunes entrepreneurs et il conviendrait aujourd’hui de réorganiser tout le système. Aucune chance véritable n’est laissée aux salariés comme aux chômeurs. Idéalement, dans une société plus juste, on devrait pouvoir créer massivement des emplois et opter pour un travail pour tous. Pour se faire, il conviendrait d’obtenir le cadre d’une planification centralisée, où l’on serait en mesure de décider des entreprises qui embauchent, décider des salaires et des prix. Une fois pour toute, déplacer les chômeurs vers des emplois durable, et décider que tous les besoins sont solvables. Ainsi, les emplois créés par les chômeurs ayant retrouvé un emploi entrainement fatalement de nouvelles richesses et permettrait ainsi d’améliorer le bien-être général de la société, de la République.
Croyons-nous possible que la société française puisse encore fonctionner longtemps avec des millions de chômeurs, des millions de citoyens précaires et d’autres salariés apeurés par l’avenir ? Très certainement ce discours risquera de déplaire et on parlera de populisme, voir de projet de soviétiser la société française. Cependant, gouverner un pays, c’est accepter de gérer les intérêts des français avec que de ne donner des marges de rentabilités acceptables aux banquiers et autres artisans de la mondialisation financière. Et selon la situation que nous connaissons, avec les gilets jaunes aujourd’hui et les syndicats demain, lorsqu’il s’agira de permettre une réforme des retraites contraire à l’intérêt du plus grand nombre, même si l’organisation des gilets jaunes semble assez désorganisée, quelle tournure va prendre inévitablement la situation ? Parlerons-nous encore seulement d’une France qui gronde ou d’une France en armes ?
Un point important qui mérite que l’on précise les choses. Déjà, lors de la dernière élection présidentielle, le Peuple n’a pas voté. Aujourd’hui la cassure entre la politique et le peuple est bien là. Plus personne n’a envie d’écouter les discours ronflants de ces politicards qui veulent faire de la pédagogie et donner une idée de la vision du président Macron. Le Peuple veut du concret et toutes les prochaines élections paraîtront comme de nouveaux abus de pouvoir de la part d’hommes et de femmes qui ne savent rien faire d’autre que trahir la Nation. Nation à entendre comme unité des citoyens français, quelque soit leurs origines, leurs religions. Car, et c’est là un autre point à éclaircir, la grogne n’est pas seulement celle des Français de souche mais de ce Peuple qui est incapable d’assurer un avenir à leurs enfants !
Oui, aujourd’hui, comme hier, l’absence d’avenir, ce n’est pas seulement la disparition de la promesse de vivre mieux, mais encore le fait de poser comme enjeu la possibilité, pour de nombreux français précarisés, de pouvoir survivre et se reproduire en tant qu’êtres humains en chair et en os.
David Jourdes
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